En 1989, la réalisatrice Chantal Akerman (1950-2015) découvrit les Trois Strophes sur le nom de Sacher d’Henri Dutilleux sous l’archet de Sonia Wieder-Atherton. Il en résulte une expérience inédite de la rencontre entre la musique et le cinéma, dont la violoncelliste raconte aujourd’hui la genèse en hommage aux deux artistes disparus.
Sonia Wieder-Atherton se fait actrice pour la caméra de la vidéaste, sous le regard émerveillé du compositeur, présent durant l’intégralité du tournage. Chantal Akerman, fidèle à son impératif “tu ne feras pas d’images”, ne livre pas à travers cette œuvre cinématographique un hommage idolâtre au compositeur, une captation de concert ou un documentaire sur l’interprétation musicale. Il s’agit bien d’une fiction, qu’elle ancre dans les gestes du quotidien. Elle invente un décor, et filme des solitudes qui s’expriment à la faveur de la nuit mais ne se rencontrent pas, dans une explosion d’émotion portée par la structure-même de l’œuvre pour violoncelle seul d’Henri Dutilleux.